Par Jacques Ferber
Voulez vous tenir vos bonnes résolutions? Je ne sais pas si vous, vous en êtes capable et que si vous vous dites : « dorénavant tous les matins je ferais des exercices physiques pendant 30mn » ou « demain je commence un régime », vous êtes capables de tenir cette promesse que vous vous êtes faits à vous mêmes. Si oui, bravo, je vous félicite: vous faites partie des 5-10% de la population qui est capable de dire « si je veux, je peux » et effectivement de le faire. Moi pas ????.
En début d’année ou à l’occasion de la rentrée des classes (je suis universitaire et pour moi l’année commence au 1er septembre), je mettais en place ma liste de bonnes résolutions que je comptais suivre. Et au moment où j’écrivais cette liste, je sentais que c’était bon et que j’avais vraiment envie de le faire. Pendant quelques jours, pris d’une belle ardeur, je mettais en place ces résolutions et tout allait bien: je me sentais en pleine forme de réaliser enfin ces actions: je faisais des exercices physiques et je méditais tous les jours à la même heure.
Et puis au bout de quelque temps, variable, je retombais dans mon mode de vie faisant la part belle au plaisir et à l’envie. J’ai pu constater que la théorie disant que « si vous avez fait quelque chose pendant 40 jours, cela fait partie de vous », n’était pas valable pour moi. Une fois j’ai suivi un enseignement d’un maître spirituel où tous les matins (tous même le dimanche!), je me levais à 6h du matin pour faire du yoga, de la méditation et d’autres pratiques spirituelles pendant deux heures (si ce n’est plus!). Chaque jour pendant quarante jours. A la fin de cette période, après avoir fini la pratique, je me suis allongé de bonheur, en me disant « yes, je l’ai fait ». J’étais très heureux de ce que j’avais fait. Mais je n’ai pas continué. Ni le lendemain, ni aucun jour par la suite. Cela ne s’était pas intégré en moi. Pourquoi? Parce que je l’avais fait sur la base de la volonté, sur le « je peux le faire ». Ok, je l’ai fait, et je peux célébrer le fait d’avoir pu le faire, mais une pratique fondée sur la volonté s’arrêtera un jour, sauf si vous êtes structuré sur la base de la volonté, c’est-à-dire si vous faites partie de ces fameux 5-10% qui réalisent leurs actions par la force de la volonté.
Que faire quand on n’a pas de volonté?
Malheureusement, beaucoup de « motivational speakers », d’auteurs et de formateurs dans le domaine du développement personnel, vous diront que la volonté est nécessaire pour parvenir à vos fins, que vous devez visualiser vos objectifs, planifiez ce que vous avez à faire, et le faire. Oui, le discours est séduisant, et cela marche peut être pour eux (d’après moi, la plupart sont des « type 3 » en Ennéagramme, des personnes structurées autour de l’accomplissement. Mais si vous n’êtes pas de ce type, cela ne fonctionnera pas sur vous). Mais si vous êtes un humain ordinaire, un poil rebelle contre toute forme d’obligation comme moi, cela ne marchera pas car vous risquez d’entrer dans le phénomène de la résistance au « il faut ». Si chaque fois que vous vous dites «Il faut que je fasse cela » vous ne le faites pas, alors que vous faites beaucoup de chose quand vous n’êtes pas obligé de le faire, c’est que vous créer une résistance inconsciente à toute forme de commandement, qu’il soit donné par un autre ou par vous même. Et chaque fois que vous « devez » faire quelque chose, automatiquement une partie de vous va tout faire pour éviter sa réalisation, même si cela peut vous apporter du succès et la réalisation de vos rêves. Comme s’il y avait un « gardien de la résistance » (une forme de saboteur) dans notre tête qui résistait à tout ce que vous mettez en place par la volonté.
Pour certains, quand nous étions enfants, nous avons tellement entendu nos parents, nos professeurs, ou d’autres adultes, nous dire que nous devions faire telle ou telle chose, que nous nous sommes mis dans un état où faire les choses qu’on nous dit qu’il faut faire deviennent automatiquement désagréables. Lire un livre d’un auteur classique peut être merveilleux si cela procède de notre propre élan, mais cela devient insupportable si l’on est obligé de le lire. Je me souviens personnellement avoir pris du plaisir à lire Boris Vian et Jacques Prévert ou à écouter Brassens et Brel quand j’étais jeune, pour me rendre compte que ces auteurs devenaient insupportables aux jeunes dès qu’ils étaient étudiés de manière scolaire, dès qu’on « devaient » les lire.
Et il en est de même de toutes les activités: nous savons que notre corps a besoin d’exercice (notamment des abdos, un peu de cardio et des étirements), et bien que bouger soit un plaisir, dès qu’on doit le faire, dès qu’on se dit « il faut que je fasse de l’exercice » ce qui devrait être un bonheur peut devenir un pensum. En quelques secondes, la vie est devenue grise. Et rien n’est accompli.
Si vous êtes dans ce cas là, et je sais que nous sommes nombreux à nous comporter ainsi, alors vous trouverez toujours une belle raison pour éviter d’accomplir ce que vous prenez maintenant pour une corvée. Remarquez bien que ce n’est pas l’activité en elle-même qui pose problème, mais le fait que vous vous disiez dans votre tête « il faut que j’accomplisse cette activité ». C’est ainsi que les clubs de sports se remplissent en septembre (après les vacances d’été on se dit qu’on va faire plein de choses) et en Janvier (car c’est le début de l’année et qu’on est plein d’énergie pour changer quelque chose dans notre vie). Mais ils se vident vers décembre, et surtout dès début février, car ce qui est bon pour notre corps ne résiste pas devant notre flemme, et ce « j’ai pas envie » que l’on se donne à soi-même pour justifier notre immobilité.
En effet, même si nous disons que nous voulons changer, que nous voulons transformer notre vie, une part de nous a peur de ce que nous pourrions découvrir si nous changions nos habitudes, si nous nous comportions autrement. Et cette peur est à l’origine du fonctionnement de ce gardien qui se met au travers de notre porte dès qu’il sent qu’il y a un changement produit par la volonté (« il faut que je fasse… « ). Et plus on s’oblige à faire, plus le gardien est fort, plus la résistance intérieure est puissante. Autant dire que pour la plupart, leur volonté n’est pas de force contre ce gardien, et la résistance est généralement gagnante.
Alors, n’y a-t-il aucun espoir? Sommes nous condamnés, vous et moi à ne pas réaliser ce que nous voudrions faire, à ne pas écrire le livre qui trotte en nous, à devenir gros et gras, à procrastiner? N’y a-t-il aucun espoir pour les paresseux et ceux qui n’ont pas de volonté?
Et bien si !! Et j’ai développé pour moi-même une manière de procéder qui me permet de méditer, d’écrire des articles, d’animer des stages, de m’occuper de mon corps et d’assurer deux métiers à la fois, alors que je suis paresseux, procrastinateur et que je n’ai aucune volonté. Comment cela est-il possible?
En fait c’est très simple: d’abord, j’ai supprimé de mon vocabulaire tout ce qui relevait de l’obligation: les « il faudrait » que l’on ne fait jamais et les « il faut » qui créent de la tension et de la culpabilité ont été enlevé.
Ensuite j’ai trouvé toute une série de trucs et d’astuces pour transformer en plaisir tout ce qui est normalement vécu comme une contrainte ou une obligation, afin de ne pas déclencher la partie « rebelle » en moi, et cultiver un rapport « hédonique » au monde.
Le principe hédonique: agir en se faisant plaisir
Que signifie « hédonique »: c’est un terme que j’ai créé pour parler de la manière d’utiliser le plaisir pour arriver à ses fins. C’est différent d’hédonisme: l’hédonisme est une philosophie qui met en avant le plaisir comme objectif ultime de notre existence, alors que l’hédonique porte sur le moyen d’accomplir nos buts au travers du plaisir. En d’autres termes, si vous avez deux solutions pour arriver au même résultat, choisissez celle qui vous donne le plus de plaisir. Lorsque cela est perçu comme un principe de vie, cela signifie que chaque fois que vous avez à faire quelque chose d’embêtant, la perspective hédonique va tenter de trouver une manière agréable de l’accomplir. Je prends un exemple simple: vous vous êtes dit que vous deviez ranger votre salon et plus vous vous le dites, moins vous le faites et vous voyez le désordre s’accumuler. Plutôt que de lutter intérieurement, ce qui ne fait que de vous « plomber » en vous retirant de l’énergie, mettez de la musique et dansez dessus. Quand vous commencez à sentir de la vie en vous, esquissez quelques gestes de rengagement, sans vous obliger à tout ranger. Vous verrez que la musique et la danse aidant, la joie a chassé l’impression de corvée qui vous empêchait d’agir et tout naturellement, le rangement se fait, sans obligation et dans le plaisir.
Ce principe peut se décliner de nombreuses manières et il est possible de le mettre en oeuvre avec un peu de créativité et d’astuces, pour vous permettre d’accomplir tout ce que vous voulez dans la vie, même si vous n’avez pas de volonté et que vous êtes paresseux.
Si vous êtes intéressés par ces trucs et astuces (j’en ai dénombré au moins dix) qui permettent de réaliser tout ce que vous voulez dans la vie, et ainsi de tenir vos bonnes résolutions sans devoir faire appel à la volonté, alors laissez moi un commentaire sur ce blog, en indiquant si possible les « bonnes résolutions » que vous avez du mal à tenir. Cela m’aidera et me « motivera » à les écrire et à vous les transmettre…