Par Jacques Ferber
Je voudrais répondre à une question qui m’a souvent été posée : pourquoi les relations entre les hommes et les femmes sont-elles si difficiles? Pourquoi y-a-t-il autant d’incompréhension de part et d’autre? Pourquoi les uns et les autres ont souvent des attentes différentes?
Le célèbre livre de John Gray, Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus propose une réponse: d’après l’auteur, nous ne viendrions pas de la même planète. Les hommes seraient ainsi plus rationnels et plus sexuels et les femmes plus émotionnelles et plus tournées vers l’amour romantique, ce qui rendrait la rencontre difficile. La lecture de cet ouvrage m’avait passionné parce qu’elle me permettait enfin de mettre des mots sur cette incompréhension que je commençais à appréhender. Et en même temps, je ne m’y retrouvais pas entièrement. Etant rationnel et sexuel, j’aurais dû m’y retrouver, mais n’aimant pas particulièrement les matches de foot et les beuveries entre garçons, et adorant les discussions sur la vie et les relations, je sentais que cette approche n’était pas totalement aboutie.
Car les hommes et les femmes viennent bien de la même planète: mais pas de la même région du monde. Leur culture, leur langage, leur manière d’appréhender les situations, et surtout celles qui ont trait aux rapports amoureux et à la sexualité, diffèrent. On croit se comprendre, mais on ne se comprend pas, comme si les mots avaient parfois un sens différent.
Je prends un exemple dans le domaine relationnel. Laura, 40 ans, rencontre Matthieu, 42 ans, et après la lune de miel de plusieurs mois, lorsqu’il est question que leur relation prenne un cours plus établi, ils discutent de la notion de couple. Et lorsqu’elle « pour moi la liberté est quelque chose d’important dans un couple » elle sous-entend « on est pas obligé d’être collé l’un à l’autre en permanence. Je peux aller voir mes amies, et toi faire ce que tu veux pendant ce temps. Nous pouvons avoir des univers différents ». Alors que Matthieu a compris « Ah, je peux alors coucher avec d’autres femmes aussi ! ».
Passer de l’opposition homme-femme aux polarités masculin-féminin
Cette opposition homme = sexe et femme = cœur et relation, donne un premier aperçu des problèmes d’incompréhension qui se jouent dans une relation amoureuse, et notamment dans la sexualité, mais cela n’est pas suffisant pour bien comprendre ce qui se joue à un niveau plus subtil. Beaucoup d’hommes et de femmes ont l’impression de ne pas totalement correspondre à cette opposition. Certains hommes ne sont pas si sexuels que ça et certaines femmes, inversement, ont besoin d’avoir un ou plusieurs amants pour assouvir leur désir.
D’une manière générale, beaucoup se sentent peu respectés ou ignorés par des affirmations « les femmes sont X, les hommes sont Y», comme si cette phrase voulait signifier « Toutes les femmes sont X, tous les hommes sont Y ». En réalité, il faut comprendre que ces affirmations ne doivent pas être prises sur le plan logique, mais sur le plan statistique. Dire « les A sont B » ne signifie pas que tous les A sont B, mais que dans la grande majorité les A sont B. Ou autrement dit : si l’on prend un A au hasard, il y a une probabilité bien supérieure à 0,5 qu’il soit B.
Par exemple, la phrase « les oiseaux volent » est fausse du point de vue logique, car les autruches et les pingouins ne volent pas. Et pourtant le vol est un des traits essentiels des oiseaux. Et dans la masse des oiseaux, si l’on en choisit un au hasard, il y a beaucoup de chances (probabilité très supérieure à 0,5) qu’il ait la compétence de voler.
De même, la phrase « les hommes sont attirés par les femmes » est fausse du point de vue logique car elle semble nier l’existence de l’homosexualité. Mais elle devient pertinente du point de vue statistique, puisqu’on considère que plus de 95% des hommes sont attirés préférentiellement par des femmes 1.
C’est ainsi que l’on peut dire que le livre de John Gray est plein de clichés faux, puisque, à l’inverse de ce qu’il prétend, il y a des femmes qui semblent venir de Mars et des hommes de Vénus, mais il est pertinent statistiquement parlant, car beaucoup d’hommes et de femmes retrouvent une grande quantité de leur différence dans ce livre. Cette opposition homme / femme doit donc être prise comme un premier pas vers une meilleure compréhension de ce qui nous différencie, mais aussi de ce qui nous relie.
Dans le domaine spirituel, ont dit ainsi que chaque être humain est composé de masculin et de féminin, ou, pour prendre les termes chinois, de Yang et de Yin. Le symbole de ce Yin-Yang est très connu . On voit deux sortes de gouttes, l’une blanche, l’autre noire, qui s’épousent mutuellement. Et à l’intérieur de chaque goutte un petit cercle de l’autre couleur. Ce symbole sert à bien faire comprendre que le Yin et le Yang ne sont pas entités séparées, mais qu’ensemble, ils constituent un système dynamique. Ils sont des polarités de l’être, de la Vie, qui s’articulent de manière fluide et sans repos, sans que l’un domine totalement sur l’autre: au sein même du Yin il y a du Yang, et inversement.
Naturellement et en moyenne les hommes disposent de plus de Yang et les femmes de plus de Yin. Mais individuellement, il existe une grande latitude. Certains hommes ont plus de Yin que bien des femmes, et inversement certaines femmes ont plus de Yang que bien des hommes.
Qu’est ce qui caractérise cette dualité faite d’opposition et de complémentarité du Yin et du Yang. La figure donne une liste non-exhaustive de leur caractéristiques.
On constate que ce qui caractérise le Yang c’est la stabilité, la force, la détermination, la combativité, le courage, la décision, l’action tournée vers un objectif, la protection et d’une manière général ce qui est actif et émissif, tout ce qui rayonne de manière solaire. Le symbole du yang est le glaive, ce qui tranche, ce qui, par sa force et sa puissance, dénoue toutes les complexité. L’avantage de ce yang est qu’il est extrêmement sécurisant quand il est dans son aspect bénéfique. A l’inverse, l’ombre du yang, l’aspect que l’on pourrait qualifier de « maléfique », c’est la violence, la domination par la force ou le statut, la rigidité extrême, l’entêtement, l’incapacité à évoluer, etc.
A l’inverse le Yin est tourné vers le changement, l’évolution, la souplesse, l’accueil, l’intuition, le ressenti, la maturation des idées, la génération par émanation, la vulnérabilité, l’ouverture du cœur, la relation, etc. L’avantage du Yin, c’est la fluidité, la transformation, le fait que rien ne soit jamais fixe. A contrario, l’aspect sombre du Yin c’est la manipulation et le manque de consistance, l’incapacité à finir, à maintenir quelque chose, ce qui se dilue et manque de densité. Le symbole du Yin, c’est la coupe, et encore mieux le liquide qui se trouve dans la coupe. Le Yin est comme l’eau, changeante, tumultueuse en tant que torrent, calme en tant que lac, sans forme prédéfinie mais qui peut prendre toutes les formes.
Pour résumer, le Yang (masculin) est ce qui demeure, ce qui structure, protège, stabilise, ce qui donne un cadre, ce qui est évidemment visible, doué de raison, et que l’on symbolise aussi par le Soleil, gardien de l’ordre et du rayonnement direct. Le Yin (féminin) est ce qui change, transforme, fait évoluer, fait voir autrement, ce qui dissout le cadre, ouvre à l’irrationnel, aux rêves et fait passer de l’autre côté, ce que l’on symbolise par la Lune, gardienne des nuits, des songes et des mondes intérieurs.
Bien sûr, le Yang et le Yin ont besoin l’un de l’autre. Le Yang a besoin du Yin pour s’assouplir, pour évoluer, et le Yin a besoin du Yang pour trouver un support.
Ce qui est intéressant, quand on revient à la terminologie ‘masculin-féminin’ c’est que l’on voit que chacune de ces polarités exprime des manières différentes d’agir dans la vie. Par exemple, depuis des millénaires, le masculin crée en construisant (des bâtiments, des véhicules, des machines, des routes), le féminin crée par incubation et enfantement (les enfants bien sûr, mais aussi la création par l’inspiration). De même, la manière Yang de créer une oeuvre d’art, c’est de se lever tous les matins et de travailler d’arrache pied, alors que la manière Yin consiste à essayer de se mettre dans les bonnes conditions pour que l’inspiration arrive. L’une n’est pas meilleure que l’autre : elle comportent chacune leurs avantages et leurs inconvénients. L’approche purement Yang tend à être trop mécanique, trop issue du travail mental, alors que l’approche purement Yin a comme écueil de demander du temps et elle n’assure pas que quelque chose verra le jour. Donc la plupart des créateurs/trices utilisent une combinaison particulière de ces deux approches, le travail acharné ET l’inspiration, cette dernière ayant été appelé “muse” par les artistes masculins pendant des siècles, belle représentation du féminin pour l’homme.2
Dans le domaine humain, les hommes ont tendance, de manière statistique, à plus incarner le Yang et les femmes le Yin. Mais bien sûr, il existe des femmes Yang et des hommes plus Yin. Le Yang étant la marque de Mars, et le Yin celle de Vénus, on peut donc dire que statistiquement les hommes viennent plus de Mars et les femmes de Vénus, mais il ne s’agit pas tant d’une dichotomie entre ces deux polarités que de composantes qui se combinent différemment chez chacun.
L’attraction des contraires
Dans le domaine amoureux, chacune des polarités est attirée par le pôle opposé. Pourquoi le Yin est-il attiré par le yang ? Le Yin, c’est l’accueil, donc ça veut dire s’ouvrir et être vulnérable. En étant dans cette vulnérabilité, on va pouvoir donner de plus en plus, et créer à partir du subtil. Mais pour ce faire le Yin a besoin de sécurité. Et c’est le Yang qui, par sa stabilité, sa structure et sa force, peut offrir un contenant sécurisant au Yin, ce dernier apportant la magie de la vie au Yang.
Donc une femme très Yin, très dans la relation et dans l’intuition, sera attirée par un homme Yang, fort et sécurisant sur lequel elle pourra se reposer et apporter ses enchantements de fée et de Déesse. C’est le schéma des couples « classiques » où l’homme est Yang, protecteur, apportant la sécurité matérielle, la femme, Yin, s’occupant de tout ce qui relève du relationnel, du soin et de l’éducation. Car le féminin, qui est liquide comme on vient de le voir, n’a pas de forme a priori mais peut prendre n’importe quelle forme en fonction du contenant. Et c’est le Yang qui est ce contenant dans lequel le Yin va venir se blottir, se couler et apporter sa créativité, son changement, ses remous et ses bulles et surtout donner du sens, donner de la raison d’être au Yang. Ainsi, le yang va être le contenant du yin et, à eux deux, ils vont créer l’unité.
Ce n’est pas le seul modèle possible. Si une femme ne trouve pas le partenaire adéquat, ou si elle a peur de la brutalité des hommes (et notamment si elle a subit des abus dans son enfance), ou si elle a été élevée dans un milieu ou le féminin n’a pas de valeur, elle va développer son Yang, son contenant intérieur. C’est le cas de beaucoup de femmes, que l’on appelait jadis des « garçons manqués » et que l’on décrirait aujourd’hui plutôt comme des battantes, des « business women », des « femmes guerrières ». On parle aussi de femmes “Athéna” à l’image de la déesse grecque éponyme, protectrice d’Athène, patronne des arts, de la sagesse, mais aussi de la stratégie militaire, qui nait casquée et armée du crâne de Zeus. Ce sont des images de femmes que l’on retrouve de plus en plus dans les films d’action, telles que Wonder Woman ou le personnage principal du “Jeu de la Reine”. Cela devient même caricatural avec Carol Denver, l’héroïne de Captain Marvel, chez qui il ne reste pratiquement aucune trace de Yin, à l’image du mythique peuple des amazones qui reniaient, dit-on, leur féminité.
En général ces femmes plus Yang cherchent des compagnons plus Yin qui leur apportent la sensibilité qu’elles ont refoulées en elles, lesquels sont attirés par la confiance et la puissance qui se dégagent de ces femmes.
Ils créent ainsi ce que j’appelle des « couples inversés », l’inversion devant être vue par rapport au « couple classique » et non par rapport à une norme qui devrait être suivie, ou rejetée. Ce ne sont que des termes qui servent à désigner des types caractéristiques de couple afin de prendre conscience soi-même de ce que l’on vit, afin de se libérer, en le voyant, des déterminants biologiques, psychologiques et sociaux qui nous enferment malgré nous. De plus, même cette opposition entre classique et l’inversé ne doit pas être prise comme des types séparés et intangibles, mais comme des repères dans un espace où toute l’étendue des possibles et des degrés entre classique et l’inversé existe.
Et au delà de cette dualité, il est intéressant de noter que, dans tous les cas, le Yin est attiré par le Yang, et vice versa. Ce n’est pas être pris comme quelque chose d’immuable ni de statique, mais comme un jeu, une danse des polarités, comme nous l’apprend le Tao.
Masculin et féminin dans le couple
Prenons l’exemple de Laura et Matthieu, qui forment un couple classique. Ils ont deux enfants, et leur répartition des tâches est assez standard. Tous les deux travaillent, mais Laura est à temps partiel pour s’occuper des enfants, et c’est Matthieu qui prend en charge l’essentiel des revenus du ménage et donc du temps passé au travail. Il s’occupe du bricolage, de la voiture, de leur petit jardin, il fait la moitié de la cuisine et des courses, mais c’est Laura qui s’occupe du linge, du ménage et surtout de la gestion des enfants, et donc de cette célèbre « charge mentale » des femmes qui doivent jongler avec leur travail et la coordination de la maisonnée.
Pour se reposer de son travail, Matthieu a envie de “se vider la tête”, et il aime jouer aux jeux vidéos, sans parler. A l’inverse Laura aurait besoin, pour se sentir moins seule dans cette gestion quotidienne, de communiquer avec Matthieu, et donc de nourrir leur relation.
Certains verront cette histoire comme un peu cliché, mais c’est le mode de fonctionnement de la majorité des couples en France.
Quand on l’analyse en terme de Yang et de Yin, cela devient plus intéressant. Laura est devenue peu à peu une guerrière pour gérer toute la maison, perdant au fur et à mesure sa féminité et surtout son rêve d’une relation idéale, avec un homme prévenant, ouvert et puissant qui la ferait rêver en l’emmenant au bout du monde. Matthieu a oublié aussi ses passions de jeunesse où il voulait transformer le monde, pour vivre dans la sécurité de son travail et du cocon familial. Ils sont de moins en moins Shakti et Shiva3, les divinités du Tantra, et de plus en plus Raymonde et Robert, les célèbres personnages des albums Les Bidochons de Binet.
La femme a perdu son Yin et l’homme son Yang. De ne plus être nourrie par son homme, son féminin s’est asséché : le liquide n’ayant pas de contenant s’est répandu et dispersé. Les bulles ont disparu, les remous sont devenus des tempêtes lorsqu’elle voit les chaussettes trouées de son homme disséminée dans le salon à côté des manettes de jeu, ou lorsqu’il re voit pas la panière à linge propre à remonter dans la chambre. Et l’homme, avec son « boulot, auto | métro, dodo » a perdu sa vitalité, sa virilité, sa capacité à entraîner le couple vers de nouvelles aventures. Ils se sont, sans le vouloir, endormis dans leur polarité respective. Ils sont en manque, elle de féminin nourri de masculin, et lui de masculin nourri de féminin.
Sexualité et polarités
Et bien entendu leur sexualité s’en ressent, car ils sont plus « maman » et « papa » que « ma déesse » ou « mon roi ». Lorsque le soir, il se retourne vers elle pour avoir un rapport sexuel, elle n’en a pas envie. Elle n’est pas prête. Elle est encore dans sa tête à planifier comment elle va pouvoir emmener les enfants à leurs activités artistiques tout en jonglant avec son propre travail. Comment son Yin, pourrait-il être prêt en quelques secondes pour accueillir son homme, alors que le féminin est naturellement plus lent que le masculin ? Soit elle se retourne sur le côté en prétextant ne pas être en forme, soit elle « accomplit son devoir conjugal » en se laissant faire et donc en vivant l’abus dans son corps. Clairement ce n’est pas la solution.
Lea (32) et Thomas (34) forment un couple “inversé”. Elle est dynamique et travaille comme cadre dans une grande entreprise alors que lui est plus rêveur et intérieur, dessinateur et peintre, gagnant sa vie comme illustrateur. Ils n’ont pas encore d’enfants, et ils voudraient bien en avoir un. Mais Thomas a un problème sexuel. Il a peu de libido et il souffre souvent de dysfonctionnement érectile. Il aime les massages lents et les caresses subtiles, alors que Léa aimerait bien trouver chez Thomas un homme plus fougueux, plus désirant. Ils sont venus au Tantra, car ils voulaient résoudre ce problème sexuel à deux. En réalité Léa a peur de l’homme, peur de s’abandonner et de lâcher prise. Elle aime contrôler ce qui se passe. Elle a trouvé en Thomas un homme Yin, qui n’est pas intrusif, qui ne l’oblige en rien sur le plan sexuel. Cela l’a rassuré au début, mais comme elle a travaillé sur elle et ses blessures, elle aimerait bien maintenant avoir un homme plus ardent avec elle. Thomas est issu d’une famille mono-parentale. Surtout élevé par sa mère, il a intégré les normes du “gentil garçon” et à trouvé son espace de réalisation dans l’art. Il pense que s’affirmer c’est être violent, ce dont il a très peur, confondant ainsi, comme beaucoup de “gentils garçons” de sa génération, violence et puissance. De ce fait, il est incapable de décider et demande toujours à sa compagne, “qu’est ce que tu veux?” cherchant toujours à lui faire plaisir, mais oubliant de ce fait ses propres désirs.
Étonnamment, bien qu’ils viennent tous deux d’horizons a priori opposés, la solution est la même dans les deux couples. Elle est très simple sur le plan conceptuel même si la mise en oeuvre est plus facile à dire qu’à faire :
Pour Laura et Léa, leur chemin passe par le dépôt de leur armure de guerrière afin de retrouver le chemin de leur féminité, afin de rencontrer la puissance de la « femme sauvage » et de la « magicienne » qui gît au fond d’elle. En un mot qu’elle laisse rayonner la déesse qui est en elle. Et pour cela, elle doit d’abord apprendre à s’aimer elle-même et à accueillir sans honte ni culpabilité son corps et son intimité.
Et pour Matthieu et Thomas le chemin consiste à (re)trouver leur masculin ancré et ouvert, à « récupérer leurs couilles » pour parler crûment et à les relier à leur cœur, à l’ouverture du féminin en eux. Le chemin consiste à retrouver sa puissance, en se sortant de cette image d’homme gentil et doux mais émasculé, afin de ressentir en eux l’espace où il peuvent prendre leur compagne dans les bras en leur offrant sa tendresse protectrice.
Comme on le voit dans les stages de Tantra que nous animons (toute l’équipe de Tantra Intégral et moi-même) Il s’agit pour chacun de retrouver d’abord sa polarité blessée, pour ensuite s’ouvrir à l’autre polarité. Pour la femme sortir de la guerrière maternante (et un peu castratrice), pour entrer dans la déesse sensuelle sauvage, et pour l’homme sortir du gentil garçon qui n’arrive pas à grandir pour rencontrer l’alliance de son guerrier et de son amant intérieur, et incarner ainsi le roi (symbolique).
A ce moment, dans la sexualité, parce qu’elle est nourrie par l’amour ancré de son homme, la femme peut s’ouvrir à sa déesse intérieure et accueillir la puissance, nourrie du coeur, de son roi. Et lui peut faire sortir l’étalon en lui, en osant “prendre” sa déesse (sans violence, avec son consentement et en étant à l’écoute de la femme) pour incarner l’énergie sauvage qui dort en lui. Ensemble, ils peuvent alors vivre cette union de la déesse et du roi, du lion et de la lionne, de Shiva et Shakti.
Notes:
- Données de wikipedia pour la France. Mais attention, ces chiffres sont assez contestés, les associations LGBT+ tendent à dire que le nombre d’homosexuels serait plutôt de 7 à 10% et non de 3% comme dans les études officielles. J’ai retenu un nombre intermédiaire de 5%. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas le chiffre qui m’intéresse ici, mais le sens des expressions de type « Les A sont B ». ↩
- On pourrait voir le rapport entre Auguste Rodin et Camille Claudel (dont je suis un fervent admirateur) comme cette relation du Yang et du Yin. Rodin était nourri du féminin de Camille (ainsi que d’autres femmes dans sa vie), mais Camille n’a pas trouvé assez de support chez Rodin pour s’accomplir totalement. Il l’a aidé à se développer au début, mais lorsque Camille est parvenue à l’égal du maïtre (et peut être à le dépasser), ce dernier ne l’a plus soutenue. Et dans un monde qui ne faisait pas la place aux sculptrices, ni globalement aux artistes professionnels femmes, elle n’a pas trouvé assez de soutien Yang autour d’elle. La folie, l’une des pathologies d’un Ying sans Yang, l’a emportée. A ce sujet, je conseille de voir le merveilleux film “Camille Claudel” (1988) avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu. ↩
- Shiva et Shakti sont les “divinités” du Tantra, c’est-à-dire les principes masculins et féminins personnifiés dans Shiva, le dieu, et Shakti, la déesse. Ils sont souvent représentés en “yab yum” une position où Shiva est en lotus et Shakti vient s’unir charnellement à lui en venant s’asseoir sur ses cuisses. ↩