Et si l’on pouvait vivre en mode plaisir?

par | 5 Fév 2018 | Développement personnel, Philosophie

Par Jacques Ferber

Et si l’on pouvait vivre en mode plaisir? Si l’on pouvait toujours agir à partir de notre élan intérieur et non de la morale (« c’est comme ça qu’on doit se comporter ») ou des obligations (« j’ai pas le choix, il faut bien »). N’avez vous pas envier de vivre une vie intense, joyeuse, une vie dans laquelle vous réaliseriez vos rêves, sans avoir l’impression de faire des efforts ?

Et pourtant une vie de plaisir dans notre société actuelle est loin d’être évident. D’un côté les médias nous relatent à longueur de journée les catastrophes, les drames et les jeux de pouvoir des politiques, et de l’autre, le bonheur ne semble promis qu’aux riches et aux puissants. Eux seuls auraient la capacité de vivre dans le plaisir, alors que pour tous les autres, la vie quotidienne serait synonyme de difficultés : peurs de manquer, de se retrouver seul, stress au travail, relations affectives tumultueuse ou morne, obligations de toutes sortes, environnement glauque… Et pour éviter de penser à tout cela, pour tenter d’oublier son état, c’est la plongée dans les addictions de toutes sortes (alcool, drogues, jeux videos, pornographie ou séries à l’eau de rose, facebook, etc… )

Mais est ce qu’on est obligé de subir notre vie? Est-ce une fatalité ?

Personnellement, j’ai toujours senti qu’on pouvait vivre sans obligations, sans effort, mais tout autour de moi, mes parents, mon entourage, la société, me poussait toujours à revenir à une vie rangée où la valeur travail et effort primait tout le reste. Cela ne me convenait pas mais pourtant tout m’y poussait car au delà de mes parents, mêmes mes amis se « rangaient » et j’avais l’impression qu’ils s’enfermaient dans une vie monotone et sans joie.

J’ai résisté à toutes ces tentations de vivre “comme il faut”. Et j’ai continué mon chemin. Par mes parents, j’ai été «programmé» pour être ingénieur. Dans les années soixante c’était la voie royale de l’évolution sociale. Et c’est ainsi qu’alors que je voulais m’éclater en devenant «ingénieur du son» (j’adore la musique) je suis devenu «ingénieur en électronique» par la douce et ferme pression maternelle.

Mais à la fin de l’école, en me demandant ce que j’avais envie de réaliser j’ai compris que la voie standard de l’ingénieur (bon travail, bonne paye, vie bien rangée) ne me convenait pas du tout. Je voulais réaliser mes rêves et ce n’était pas dans les entreprises « standard » que je m’épanouirais (note: je me souviens d’ailleurs être resté une fois une seule journée dans une entreprise. Mais j’étais tellement angoissé le soir à faire ce boulot, que je n’y suis pas retourné le lendemain. Et je me réjouis encore aujourd’hui d’avoir suivi mon ressenti).

C’est ainsi, en faisant un petit « pas de côté » que je suis devenu journaliste, puis professeur à l’université dans le domaine de l’intelligence artificielle, ce qui me permettait de relier mon goût pour la psychologie et les sciences sociales avec le côté « hard science » qui convenait bien à mon esprit de geek. Mais au bout d’un moment même cela m’a paru réducteur. La vie de chercheur peut être très aride parfois. Cela manquait de peps, de vivant. Et j’ai voulu aller plus loin, et le Tantra m’a ouvert ses portes. A tel point d’ailleurs que j’en suis venu à animer des stages de tantra alors que rien ne me préparait à cela. Dans ma vie, même si j’ai l’impression parfois que “quelqu’un” ou “quelque chose” m’a guidé, rien n’a été prémédité, rien n’a fait partie d’un plan. Et à chaque fois, j’ai fait confiance à ma petite voix intérieure, à l’enthousiasme qui me portait, au plaisir finalement que j’avais à m’engager dans telle ou telle voie. Et si cela était possible dans les grands choix de ma vie, le Tantra, m’a appris qu’on pouvait vivre en mode plaisir au quotidien dans les aspects de la vie…

La vérité c’est que nous sommes des êtres de plaisir et de joie

A l’issue des stages, beaucoup de participants me posent souvent cette question: « Ce qu’on a vécu dans ce stage est magnifique, et cela m’à transporté et régénéré. Mais ensuite, dans la vraie vie, comment je vais pouvoir appliquer tout cela ? »

Et moi je leur réponds simplement « je vis maintenant dans un stage de Tantra permanent !» car j’ai compris que la question posée est déjà viciée au départ. Elle suppose, pour beaucoup, que la « vraie vie » est une vie de labeur, de difficultés, de lutte, dans le travail, dans les relations affectives qui ne sont jamais à la hauteur des attentes. Mais c’est une illusion – une maya comme disent les hindous – qui nous masque la réalité. La vérité c’est que nous sommes des êtres de plaisir et de joie, et que rien ne nous empêche de retourner à cet état primitif de notre être, si ce n’est nos croyances limitantes qui nous disent que ce n’est pas possible, et nos peurs qui entravent notre route en nous faisant croire qu’il y a du danger là où le tapis rouge se déroule pour nous. Croyances et peurs ne sont que des nuages qui obscurcissent notre ciel et nous cachent la vue du soleil qui brille tout le temps de mille feux.

Très bien, me direz vous, mais comment ? Comment faire pour écarter ces nuages et vivre selon nos désirs profonds? Comment réaliser nos rêves? Comment aboutir à ce que nous désirons le plus ?

Beaucoup prônent des techniques arides issues du coaching sportif. C’est simple : vous vous définissez des objectifs, et vous mettez en oeuvre tout ce qu’il faut pour arriver à cet objectif… En serrant les dents. Les sportifs sont très bons à ce jeu. Mais cela nécessite des efforts, une capacité à ne pas décrocher de son objectif, une abnégation totale et une volonté chevillée au corps.

Et de ce fait, c’est très dur et si vous n’avez pas la structure psychique requise, c’est pratiquement impossible. Alors vous vous dites : je n’y arriverais pas.. c’est trop pour moi. Et comme beaucoup d’autres, vous décrochez. Et c’est ce que j’ai fait chaque fois que j’ai tenté de suivre cette voie : je n’ai pas les compétences requises…

Mais heureusement, il y a la voie du plaisir dont j’ai commencé à parler au dessus. Mais bizarrement presque personne n’en parle. C’est certain que pour les coachs issus pratiquement tous du sport ou de la performance d’entreprise, ce n’est pas leur truc..

Et pourtant le plaisir et la passion, sont le fondement de la réussite pour les artistes, les épicuriens et certaines personnes engagées sur la voie spirituelleMais on n’en parle peu car ceux qui la suivent, la trouvent tellement naturelle qu’ils n’en parlent pas. Si vous demandiez à Henri Salvador qu’est ce qu’il l’a motivé dans la vie, c’était toujours “de prendre du plaisir, de m’amuser” et il partait dans un de ses grands éclats de rire dont il avait le secret (il a écrit notamment “Le travail est tellement sacré que je ne m’en approche pas” ????. C’est un art de réussir quand on n’à pas de volonté chevillée au corps, mais pour ceux qui suivent la voie du plaisir, cela semble tellement naturel qu’ils pensent que ça ne peut pas se décrire. Et il est vrai qu’il est parfois difficile de savoir comment on arrive à faire ce qu’on fait, quand c’est réalisé dans l’élan et la simplicité. Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y a pas d’issue. A partir des enseignements millénaires du Tantra (et d’autres voies proches comme la Biodanza), il est possible de dresser les clés essentielles et les techniques fondamentales qui permettent de se réaliser pleinement sans passer par la case « efforts » et « volonté ».

Qu’est ce que le « mode plaisir »

Quand je parle de « mode plaisir » je ne signifie pas qu’il s’agisse d’être dans l’euphorie permanente. C’est impossible sur le plan physiologique et ce n’est pas non plus souhaitable. Vivre en mode plaisir, c’est vivre selon ses passions et ses désirs profonds, en étant toujours juste avec sa petite voix intérieure, avec ce que notre âme aspire à vivre. C’est aligner ses réalisations, ses élans et ses talents, pour vivre au service de soi et des autres, dans la simplicité et la joie. C’est savoir se ressourcer par la contemplation, l’extase et le rire, se nourrir des relations amicales et amoureuses sans non plus en être dépendant, se réjouir de tous les petits plaisirs que la vie nous prodigue en abondance (lever et coucher de soleil, rêves, petits plats savoureux et vins de qualité en quantité modérée, sensations de l’air sur le visage, première gorgée de bière, pêche juteuse l’été quand on a soif et chaud, union d’amour avec celle ou celui qu’on aime, etc.).

Et tout cela en ressentant sa vivance, sa qualité d’être vivant en prenant plaisir à vivre ce que l’on vit, en s’approchant toujours plus de son être profond, de la Source divine de la Vie.

Et une fois que l’on est nourri de ces plaisirs de la Vie, on peut utiliser le plaisir comme moyen pour aboutir à ce que l’on désire réaliser. J’appelle cela le principe de l’action hédonique. C’est différent de l’hédonisme qui met en avant le plaisir comme but de nos actions. Même si je peux bien entendu être satisfait de mes réalisations, et prendre du plaisir dans le résultat de mes actions, le principe de l’action hédonique ne porte pas sur les résultat mais sur les moyens que je mets en œuvre pour aboutir à ses fins.

Je prends un exemple ultra-simple. Vous prenez la décision, parce que c’est le début de l’année, de faire une activité sportive, de danse ou de yoga. Quelque chose qui est bon pour votre corps. Mais dès que vous commencez cette activité vous vous donnez des objectifs : vous décidez que vous perdrez tant de kilos, que votre silhouette sera transformée, etc.. Et pour cela vous vous astreignez à une discipline de fer … Mais au bout de quelques semaines, votre volonté s’émousse et vous reprenez vos anciennes habitudes. Vous commencez à délaisser la salle de sport ou les cours de danse ou de yoga, et au bout de quelques mois vous revenez au même point. Et c’est terrible pour vous, car vous perdez en plus un peu de confiance en vous-mêmes, comme dans le cas du célèbre « yoyo » des régimes minceurs. C’est normal en fait. Mis à part pour quelques personnes structurées sur l’effort et la discipline, il est impossible de tenir sur la durée à partir de la volonté. Le conscience qui ne fait que quelque pourcentages de notre psyché ne peut lutter durablement contre l’inconscient qui régit tout en nous. Et ce n’est donc pas en transformant notre vie en se disant « si je veux, je peux » que cela se fera. C’est en changeant notre rapport au monde, en mettant du plaisir dans chaque instant que nous aurons envie de continuer sur notre chemin. C’est au moment où vous dansez, faites des muscles ou des étirements qu’il s’agit de ressentir du plaisir. Dans ce cas, votre corps garde cette informations en mémoire et vous aurez envie de continuer. C’est aussi simple que ça. Et il en est de même de toutes les activités.

En ce moment, lorsque j’écris je prends du plaisir à sentir les mots qui me viennent naturellement. Et donc je ne prends pas du plaisir seulement à voir le texte finalisé posté sur le blog, mais aussi à sentir mes doigts sur le clavier, à voir les mots qui s’écrivent tout seul (quand je suis inspiré bien sûr, ce qui n’est pas toujours le cas), tout cela en étant bien installé dans mon canapé et en écoutant de la musique qui me plait2. A ce moment là, je suis dans ce que l’on appelle le « flow » l’état où nous donnons le meilleur de nous-mêmes, en étant totalement absorbés dans ce que nous faisons tout en ressentant une grande satisfaction à ce que nous faisons. Comme le surfer sur sa vague, comme le musicien qui compose ou interprète une oeuvre qu’il aime devant un public, comme le thérapeute qui sait qu’il est en train d’aider une personne à se soigner de ses traumas, comme l’enseignant qui sent qu’il transmet quelque chose à d’autres. Le moment où l’on sait que l’on est à la fois à sa place, que l’on fait jouer ses talents au maximum, et que l’on apporte quelque chose au monde. Toutes les créations qui ont façonné notre vie ont été faites dans cet état de « flow » ou « d’expérience optimale ».

C’est en étant dans ce plaisir fou de vivre, que l’on peut faire des expériences fortes, agrandir son potentiel et contribuer. Tout cela en même temps, dans la même seconde, dans le même instant. En écoutant ce plaisir, nous nous mettons au diapason du divin, qui est comme le disent les hindous, ‘Ananda’ (félicité en sanskrit), la béatitude suprême de simplement être…

Et vous, quand ressentez vous que vous accomplissez quelque chose en mode plaisir? Laissez moi un petit commentaire pour partager votre expérience…

A bientôt

Jacques

P.S. Et pour vivre en mode plaisir je vous convie au stage « Le Plaisir pour renaître à soi » qui a lieu lors du week-end de Pâques 2018. Co-animé par Aline Bordin et moi-même, il unit le tantra et la biodanza pour vous faire vivre et intégrer ce « mode plaisir » dans votre être et votre vie. >> cliquer ici pour en savoir plus <<


  1. En fait, même dans le spirituel, il existe tout un courant de pensée qui considère qu’on « doit en baver » pour avancer en mettant en avant l’importance de l’ascèse et de la discipline, mais d’après moi ce n’est pas nécessaire.
  2. Au moment où j’écris, j’écoute une playlist de Nigel Stanford, avec des morceaux planants de ses albums Timescapes (top ça ressemble à du Pink Floyd par moment !) et Solar Echoes. J’adore…

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