Comment fait-on pour méditer vraiment?
Je me suis posé cette question, il y a plus de 20 ans de cela. Bien sûr, plus jeune, je m’étais déjà assis plusieurs fois en tailleur, le dos droit, pour donner l’impression du sage. Mais dans ma tête les pensées allaient bon train. Plutôt de caractère introverti, je n’ai pas de problèmes avec les pensées. Elles ont toujours été avec moi depuis toujours, et quelque part je les aime bien… Mais quand il y en a trop cela devient épuisant.
Cette question « comment fait-on pour méditer? » je me la suis posé en l’an 2000 après avoir assisté à une rencontre du Dalaï Lama à Lerab Ling le lieu près de Montpellier où une communauté bouddhiste tibétaine commençait à s’installer.
Durant cette retraite autour du Dalaï Lama, avec tous les moines autour et surtout cette communauté de milliers de fidèles, méditer était facile. J’étais porté par l’énergie du groupe, par cet égrégore radieux qui nous inondait de lumière.
Quelques jours après, seul, assis sur mon zafu, mon coussin de méditation que j’avais acheté lors de ces rencontres (je l’ai toujours d’ailleurs) c’était beaucoup moins facile. Je me retrouvais en tête à tête avec moi-même, pris dans le jeu de ce que les anglo-saxons appellent le « monkey mind » (mental de singe), ce « petit vélo » qui n’arrête pas de tourner dans la tête. En effet, les mots et les phrases dansaient en moi, passant d’une idée à une autre, d’un jugement à une recommandation, d’un souvenir à une anticipation… Au bout de quelques minutes qui m’étaient parues des heures, je me retrouvais au même point qu’avant… la fatigue en plus.
L’expérience Vipassana
Mais ma détermination était forte, et je voulais vraiment méditer. A l’époque Internet était balbutiant, et il y avait très peu de livres sur ce sujet. Une amie me donna les cassettes audio (il y en avait encore pas mal) d’un lama tibétain, Sogyal Rinpoché (le fondateur de Lerab Ling justement), qui avait enregistré ses enseignements. Et je passais en boucle ces cassettes dans ma voiture. J’assistais à quelque conférences de ce lama dont j’avais aimé les livres, et très vite je connus par cœur les concepts de « nature essentielle de l’esprit », de Shamata (la paix de l’esprit) et de Vipassana (la vue profonde).
Mais la réalisation était beaucoup plus difficile. Je côtoyais quelques groupes spirituels pratiquant Vipassana, mais les progrès étaient lents. Surtout, je me battais avec mon mental. J’avais beau entendre l’enseignement de « laissez passer les pensées » je ne voyais pas ce qu’il fallait faire et je cherchais, comme beaucoup de débutants à « arrêter mes pensées »… avec des pensées . Et bien entendu ça ne marche pas comme ça.
La consigne consiste à se focaliser sur son corps ou sur sa respiration, et arriver à rester concentré ainsi sur quelque chose qui devient vie ennuyeux c’est un travail énorme. Comme le dit S. N. Goenka, l’un des diffuseurs dans le monde des retraites Vipassana: « Les participants doivent respecter une grande discipline, apprendre les bases de la méthode et pratiquer suffisamment pour en ressentir les résultats bénéfiques. Cet apprentissage requiert un travail difficile et sérieux ». Clairement, ce n’est pas une voie de plaisir .
Des années plus tard, je pratiquais une retraite Vipassana (pas avec Goenka, mais avec Michael Kewley, un profond enseignant et ancien lama du bouddhisme Theravada doublé d’un être merveilleux que je vous recommande), et je compris pourquoi cette voie était longue et compliquée. Bien sûr qu’à terme elle permet de méditer et de profiter de tous les bienfaits de ces « méditations de pleine conscience » comme les nomme Jon Kabat-Zinn qui l’introduisit au grand public (lui-même étant un grand méditant Zen) en les dégageant de tous les termes orientaux (exit Vipassana, bienvenue mindfulness).
Bien sûr que ces méditations sont effectives et qu’au bout de quelques années de pratiques assidues vous entrez dans des espaces intérieurs de paix et de plénitude incroyable. Mais le chemin est difficile et si vous n’êtes pas structuré sur une volonté inébranlable, doublé d’une discipline de fer, vous n’obtiendrez rien. Ou pas grand chose. Et personnellement, comme je n’ai pas de volonté et que je sais pas suivre de discipline, cette voie n’était pas faite pour moi. Mais je suis curieux et déterminé, et j’aime découvrir…
La découverte du tantra pour vivre la félicité
Deux ans après je découvris le Tantra (ou Tantrisme), une voie spirituelle puissante, mais totalement différente du bouddhisme et différente aussi du yoga que j’avais pratiqué plus jeune.
Le Tantra est fondé sur une acceptation totale de tout ce qui est et sur une démarche allant de la dualité vers l’unité. La démarche part de ce que nous sommes là maintenant. Ne nous racontons pas d’histoire: on sait qu’on n’est pas éveillé, que nous sommes pleins de contradictions intérieures, mélangeant amour, ressentiment et peurs. Oui, nous sommes cela. Et on accueille tout cela sans jugement, pour aller à la rencontre de l’autre et, ce faisant, aller à la rencontre de nous-mêmes (ou l’inverse, aller à la rencontre de soi pour mieux rencontrer l’autre). Et dans cette connexion, rencontrer le Tout Autre, le Divin, l’Unité au-delà de la dualité.
Et surtout, le Tantra ne s’embarrasse pas de trop d’enseignement. On ne vous demande pas d’écouter à longueur de temps les propos de maitres (plus ou moins) éclairés, mais de pratiquer. Et le Tantra dispose de tout un ensemble de techniques pour nous aider à aller vers « Je » (ou « Soi » très différent du ‘moi’ qui constitue la personnalité de l’individu), pour reconnaitre la Source du divin à l’intérieur de soi et en tout être.
L’important, ce sont les pratiques… Et pour ça, le Tantra est juste une merveille !
Un des textes fondamentaux du Tantra, le Vijnana Bhairava Tantra (le Tantra de la Connaissance de la Réalité Suprême), détaille 112 techniques. Et parmi celles-ci, la « pleine conscience » n’en constitue qu’une ! En réalité tous les supports de méditations, toutes les techniques possibles sont passées en revues: respiration, circulation de l’énergie, concentration, absorption, contemplation, production et écoute de sons ou de lumières, reconnaissance de la vacuité, utilisation de mantras et du mental lui-même, intégration de la mort et de la sexualité, pratique de la danse,… et j’en passe. Tout y est ! Comme le dit Osho, l’un des grands commentateurs de ces textes, « pratiquez ces méditations et trouvez celles qui vous conviennent. Il y en a nécessairement au moins une pour vous. Et si vous n’en trouvez aucune, alors soyez en paix et vivez heureux ».
Et qu’est ce que j’ai découvert avec ces méditations ?
- Qu’il n’était pas nécessaire de souffrir le martyr pour arriver à méditer
- Que c’était simple, goûteux et extatique (d’où le terme « extatique » que j’utilise à leur égard)
- Que c’était rapide
- Qu’il n’était pas nécessaire de suivre une discipline de fer et de vivre une vie d’ascète pour devenir méditant.
Et pourquoi ça marche? Pour deux raisons fondamentales qui créent tout le problème avec les techniques de méditations habituelles (fondées sur Vipassana).
- On va rapidement dans les eaux profondes de la méditation.
- On utilise le plaisir, la félicité, comme but, moyen et base.
- On squeeze le mental par des moyens habiles sans avoir à lutter contre et sans entrer dans des zones d’ennuis mortels que connaissent tous les méditants débutants (et même chez beaucoup d’avancés) qui rigidifient le mental et constitue un obstacle à la méditation.
Le principe peut être donné par l’image du plongeur. L’eau représente notre psyché, notre intériorité. Lorsqu’on est dans notre état normal, on navigue sur cette eau, et nous sommes soumis aux intempéries. Notre barque est calme quand la mer est calme et va dans tous les sens quand le temps se gâte, voir nous faire chavirer lors de la tempête. Le temps qu’il fait sont les situations extérieures, et les vagues nos émotions et nos pensées. On voit qu’on est balloté par nos émotions et nos pensées qui sont elle-mêmes dépendantes (croit-on) des situations extérieures. C’est le « tu m’as mis en colère » ou « le monde est horrible » qui, si on reste en surface, vient plomber notre vie. Comme diraient les bouddhistes, on reste ici au niveau du samsara, du lieu de souffrance du monde.
Alors les méditations viennent nous aider. Elles nous donnent un tuba et un masque, et on commence à plonger. Là il y a plus de calme déjà, mais on reste encore en surface et on reste un peu balloté par les remous. Et surtout, de temps en temps, les grandes vagues viennent s’infiltrer par le tuba et nous buvons la tasse. Avec le temps, on va apprendre à descendre un peu, à aller plus profond, là où le calme réside.
Les méditations tantriques extatiques, à l’inverse, nous transforment en dauphins et nous permettent de plonger facilement en eaux profondes. Il n’y a qu’à se laisser glisser. On ne reste pas à la surface, on descend. Dans la terminologie bouddhiste on passe de Vipassana à Jhana (prononcez ‘djana’), de la vue à l’absorption, en cultivant la félicité, le « bliss »1. Les différents moyens habiles utilisés trompent le mental et l’aident à ne pas s’ennuyer et à diminuer sa présence (éviter les « roues de vélo »). Surtout, très rapidement, on sent des volutes de félicité qui agissent comme des courants chauds pour nous porter vers encore plus de profondeur, d’où il découle encore plus de ce plaisir subtil, fascinant du silence intérieur, de la vacuité de l’être.
Car la vacuité est extatique. Comme le dit Tilopa, un maitre bouddhiste tantrique indien du XIème siècle, « devenez un bambou creux, pour que le divin puisse jouer de la flute :
Devenez un bambou creux, sans rien à l’intérieur, devenez une flûte et laissez le divin jouer en vous. Laissez s’élever en vous le chant du Mahmudra, l’expérience suprême et ultime, l’orgasme total avec l’Univers.
Savoir progresser dans le système qui nous convient
On pourrait croire à la lecture de cet article, que je suis contre les méditations Vipassana. Pas du tout. Je les pratique aussi, et j’adore me poser en pleine conscience, voir mes pensées se dissoudre doucement et rester dans l’immédiateté de l’instant présent et dans la félicité de simplement être (Sat Chit Ananda). Encore heureux après vingt ans de pratique ! Ce que je prône simplement, c’est que du point de vue pédagogique il est préférable de passer d’abord par les méditations extatiques de savoir plonger dans les profondeurs de notre intériorité comme un dauphin, plutôt que de passer par le difficile apprentissage de la nage en surface. Mais ne me croyez pas, faites en l’expérience.
Et c’est pour cela que j’ai à cœur, maintenant, de transmettre à mon tour ces méditations que j’ai reçues, dans un langage clair et moins ésotérique que les textes anciens, dans une approche pédagogique qui tient compte de notre manière occidentale d’être. Nous ne vivons plus comme au 8ème siècle, la date estimée du Vijnana Bhairava Tantra, et nous n’avons plus le temps de passer dix ans assis dans une grotte en ascèse. D’autre part, l’occident, au travers des neurosciences, apporte sa compréhension à ce qui se passe dans notre cerveau quand nous méditons : elles nous expliquent comment nous pouvons améliorer notre processus d’apprentissage pour aller plus rapidement et plus facilement dans les profondeurs de notre intériorité.
Et je suis heureux de pouvoir proposer une formation à ces méditations extatiques, afin d’aider chacun à bénéficier des bienfaits de ces méditations (réduction du stress, diminution des insomnies, sortir des dépendances et des addictions, clarté d’esprit, créativité, capacités d’apprentissage et surtout joie intérieure) de la manière la plus simple qui soit.
Si vous voulez en savoir plus sur ces méditations tantriques extatiques que je propose je vous invite à vous inscrire au webinaire (libre et gratuit) que j’organise le 18 Juin 2020 à 20h en cliquant sur le lien ci-dessous.
Namasté
Jacques
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- J’ai parlé des méditations Jhana dans cet article
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