Vivre dans l’amour plutôt que la peur

par | 20 Août 2020 | Société

Par Jacques Ferber

Alors que le COVID continue à contaminer la population, il devient important de savoir se centrer et de savoir ce que l’on désire le plus. Un monde d’amour ou un monde de peurs ?

Si l’on regarde les médias et les réseaux sociaux, on peut résumer les positions, globalement, en deux camps :

  1. Dans le premier camp, la diffusion du COVID est l’horreur absolue en termes de santé publique. Si l’on ne fait rien, alors une grande partie de la population, et tout particulièrement de la population à risque, va mourir. La position principale est qu’il faut se protéger en mettant des masques, en pratiquant la distanciation sociale, et effectuant les comportements (que l’on appelle je ne sais pourquoi des « gestes ») barrières. Rien n’est dit sur comment améliorer sa santé et stimuler son système immunitaire de manière à ce que, une fois le virus attrapé, on ne développe pas, ou moins, de pathologies graves.
  2. De l’autre, il y a le camp de ceux qui trouvent qu’on en fait trop. Plusieurs sous-camps existent à l’intérieur de ce camp. Il s’agit de tous ceux qui se rendent compte que la position du camp précédent est incohérente et surtout qu’elle manque de mise en contexte. Par exemple, en mars on donnait chaque jour les hospitalisations et les morts, mais aujourd’hui, en aout, on ne parle plus que du nombre de contaminés, car le nombre de morts est totalement dérisoire : de 10 à 20 morts de Covid en France par jour, sur 12000 à 15000 décès toutes causes confondues par jour. Le Covid est loin derrière les autres causes de décès médicaux. Rien que les autres maladies respiratoires chroniques sont responsables de 32 décès quotidens, et plus de 380 de personnes meurent de maladies cardio-vasculaires par jour (chiffres de 2016 quand il n’y avait pas de Covid. Source ici). De ce fait, sans non plus tomber dans le complotisme, il faut bien reconnaitre que le positionnement des médias et du gouvernement donne beaucoup de crédit à ces théories du complot, tellement les revirements, les incohérences et les imprécisions sont fortes actuellement.

Concernant mon rapport aux informations, je fais plutôt partie de cette seconde catégorie. J’essaye de comprendre, j’analyse et j’écoute les discours contradictoires (et Dieu sait qu’il y en a), et je cherche les vérités derrière tout ce que les uns ou les autres peuvent affirmer.

Et bien au-delà du risque réel ou exagéré que nous offrent les médias, je voudrais surtout mettre en évidence le fait que cette épidémie nous place devant une alternative fondamentale, qui nous fera, ou non, changer de niveau de conscience collective.

La question fondamentale finalement ne serait-elle pas : allons nous laisser la peur, et notamment la peur de la mort, nous gagner, ou bien serons-nous capable de développer une nouvelle vision du monde fondée sur la responsabilité de nos actes, l’amour et la relation ?

Ces dernières années, j’étais toujours éberlué par le fait que « pour votre confort et votre sécurité » on était capable de faire passer n’importe quoi. Le désir collectif des occidentaux d’avoir encore plus de sécurité, les entraînaient petit à petit à rogner sur les principes de liberté individuelle, en empêchant chacun de prendre ses responsabilités. Nous sommes entrés dans une société craintive ou le principe de précaution prend le pas sur la nécessité de prendre des risques pour vivre. Risques et précautions doivent être mis à parts égales, mais clairement la balance est passée du côté de la peur. Comme si nous étions tout à la fois devenus vieux et peureux de tout. Cette pandémie accentue encore le trait, en poussant les gouvernements vers encore plus de précautions, au risque d’effondrer l’économie, de créer de la misère, et, à termes encore plus de souffrance. Elle met en évidence une peur fondamentale qui ne fait qu’augmenter et qui vient s’imposer dans notre société qui nie, ou qui veut nier, l’existence naturelle de la mort.

La peur de la mort

La vraie épidémie, qui se diffuse très bien, est celle de la peur de la mort. C’est ce que révèle cette tribune écrite par la merveilleuse Marie de Hennezel (dans le monde du 4 mai 2020) :

 « Ce déni de la mort a eu trois conséquences. D’abord au niveau individuel, il n’aide pas à vivre. Il appauvrit nos vies. En faisant comme si la mort n’avait pas d’incidence sur notre manière de vivre, nous croyons vivre mieux, mais c’est l’inverse qui se produit. Nous restons souvent à la surface des choses, loin de l’essentiel. Ensuite, ce déni entretient une illusion, celle de la toute-puissance scientifique et technologique, celle du progrès infini. Avec ce fantasme incroyable : imaginer qu’un jour on pourrait avoir raison de la mort. Enfin, le déni de la mort nous conduit à ignorer tout ce qui relève de la vulnérabilité. Il est responsable d’une perte d’humanité, d’une perte de la culture de l’accompagnement, avec les souffrances qui y sont associées. »

Cette peur est tellement vivace dans la population, renforcée en permanence par le discours alarmiste des médias nationaux que les Français ont plus peur des risques sanitaires qu’économiques, comme le signale un récent sondage de l’Ifop (17 aout 2020) :

« Les Français restent plus craintifs vis-à-vis de l’évolution de la situation sanitaire. En effet, 53 % des Français déclarent être inquiets pour le risque sanitaire, 29 % pour les le risque économique et 18 % pour l’affaiblissement des libertés publiques avec les obligations de lutte contre la propagation du virus. »

Cette peur se propage un peu partout, sauf chez les jeunes qui continuent leur vie sans trop se soucier de ce qui se passe. Ils mettent le masque quand on leur dit de le mettre et, pour le reste, ils vaquent à leurs occupations comme si de rien n’était. Les médias et les « biens pensants » les fustigent en critiquant l’inconscience et l’irresponsabilité de leur comportement.

Et si au contraire il s’agissait d’une sagesse devant la Vie ? Si c’était justement cet élan vital en eux qui les poussait à vouloir vivre réellement, et non pas à sous-vivre ?

La peur de la mort nous conduit nécessairement à nous « divertir » comme disait le philosophe Pascal, c’est-à-dire de se détourner de ce qui est essentiel, de ne pas voir la réalité en face. Or la réalité c’est que nous sommes mortels, que nous allons tous mourir, que nous le voulions ou non. Nous ne savons pas quand, mais en attendant, il s’agit de vivre, et de vivre pleinement, en aimant ceux que l’on cotoye et pas en s’en méfiant a priori. Le Covid n’est pas la peste qui ravagea un tiers de l’Europe au XVème siècle. Ce n’est pas non plus une « gripette », car de nombreuses personnes sont mortes. Il s’agit simplement de reconnaître qu’on est toujours des êtres vivants, organiques et qu’on fait partie de la nature.

La société occidentale a développé, presque inconsciemment, le mythe hygiéniste d’une nature dans laquelle on aurait éradiqué tous les virus.

C’est tout simplement impossible : « Il y a plus de virus sur Terre que d’étoiles dans l’univers » écrit Carl Zimmer dans son livre Planète Virus. Et le virologue Curtis Suttle, universitaire canadien, de préciser que plus de 800 millions de virus sont déposés quotidiennement sur chaque mètre carré de la Terre. Mais ce n’est pas grave, car nous vivons depuis des millions d’années avec eux. Alors, comment a-t-on fait pour survivre ? Très simplement en développant un système immunitaire qui nous permet d’empêcher les virus dangereux (la plupart sont inoffensifs) de proliférer dans notre corps. Ce n’est donc pas en tuant tous les microbes (impossible), ni en instituant des barrières, sauf pour les populations à risque, que nous évoluerons et serons capables de nous développer dans un monde où il y a une pandémie pratiquement tous les cinq ans1.

C’est au contraire en changeant notre mode de relation au monde et en ayant une vision écologique (ou plus exactement écosystémique) généralisée, qui prenne en compte aussi bien l’environnement que les personnes, que nous serons capables de nous adapter, biologiquement et psychiquement, à ces conditions de vie en perpétuelles évolutions.

L’amour au centre de l’écologie relationnelle

L’écologie a déjà montré que nous avancions droit dans le mur si nous continuions à vivre au mépris des règles de la nature, mais cela ne suffit pas. Ce qui est proposé maintenant c’est de mettre l’écologie relationnelle et notre écologie personnelle au centre de notre vie. Dans un premier temps, nous devons faire attention à notre forme physique, à ce que nous mangeons, à ce que nous mettons dans notre corps. Mais au-delà de nous-mêmes, c’est en modifiant notre rapport à l’autre, en nous nourrissant d’une autre forme d’interaction que nous serons capables de mieux vivre et de faire face aux épidémies, quelles qu’elles soient.

Nous pouvons choisir de vivre à genoux, en nous comportant comme des individus craintifs, ou choisir l’amour et la force de vie. Car seul l’amour, la relation et la joie que cela procure peuvent nous donner une réelle amélioration de notre vie.

Sans amour, sans la relation que l’on peut tisser avec nos proches et d’une manière générale avec ceux que nous côtoyons, la vie semble bien morne. On devient des « morts vivants », des personnes qui ne sont plus reliées à leur vitalité, à leur enthousiasme. Quand nous vivons dans le monde de la peur, nous sommes néfastes aussi bien à nous-même qu’aux autres. Quand nous vivons dans l’amour, nous apportons au monde ce dont chacun a besoin, en savourant le bonheur de vivre, car l’amour est relié à la Joie, à la vivance c’est-à-dire à notre sentiment de nous sentir réellement vivants. Comme je l’ai décrit dans cet article :

Allons à la rencontre de l’autre – amoureux, enfant, parent, ami, collègue… – déjà plein d’amour envers la Vie, de gratitude pour exister, de la joie simple d’être… Vivons notre amour pour l’autre à fond, sans peur, sans limitation. Car le manque conduit à la tristesse, quand la joie est la puissance même d’être et d’exister.
Et comme le proclame le Vijnana Bhairava Tantra, l’un des textes les plus importants du Tantra : « Dans la joie revoir un ami ou votre amour, absorbez-vous en elle, soyez la Joie elle-même »

C’est là que le Tantra intervient, car il est un outil extrêmement puissant de changement relationnel. Dans les stages, je vois régulièrement des personnes débutantes arriver mal dans leur peau, ternes ou « grises » comme je les appelle, fermées, stressées, crispées, se méfiant de tout et de chacun, pour ensuite, en quelques jours s’ouvrir et rayonner. Le bonheur est en elles, le sourire sur leurs visages, la profondeur dans les yeux. On dit souvent que l’on aimerait faire des photos « avant/après » comme dans les publicités pour perdre du poids. Le dernier jour, je n’ai pas besoin de leur demander leur état : La joie est sur leur visage et dans leur corps.

Quel est l’ingrédient essentiel de cette transformation en quelques jours? L’amour ! Cela passe d’abord par le respect de l’autre, à partir du respect de soi-même. Savoir dire « non », faire des demandes et ne pas prendre un refus pour une exclusion ou un abandon. Sentir le cœur de l’autre battre sous sa poitrine, en se blottissant l’un contre l’autre, pour que les corps s’harmonisent, que les carapaces intérieures s’ouvrent.

En créant un espace sacré, le Tantra change notre rapport à l’autre, en nous permettant de voir la merveille qui est en l’autre, mais aussi en soi. « Je suis quelqu’un de bien ! Tu es quelqu’un de bien ! Je vois et je reconnais la lumière divine qui est en toi, et j’accueille le fait que tu vois la même chose en moi ». Et nous ajoutons : ton corps est un temple sacré !

Imaginons quelques secondes, que le Tantra devienne un mode de comportement ordinaire, que nous fassions des hugs dans la rue en se souriant les uns les autres, que nous venions en aide aux personnes âgées, que notre énergie soit dirigée autant vers les autres que vers nous-mêmes ? Que pourrait faire un virus dans une telle population ? Rien ! Il serait tué dans l’œuf par la puissance de nos systèmes immunitaires, et il aurait bien du mal à se propager, et encore moins à créer des formes graves ou mortelles.

Alors ce virus nous pousse à choisir : la peur ou l’amour ? La protection à outrance ou l’élan stimulant envers l’autre ? La crainte de l’autre ou l’enthousiasme de vivre ensemble, comme si chacun devenait un ami cher. Choisissons-nous de vivre à genoux ou debout ? Voulons-nous vivre dans la peur ou dans l’amour ? Pour ma part, j’ai choisi.

 


  1. Rappelez vous Ebola, le Sras ou le H1N1 qui avaient aussi défrayés la chronique et effrayés la population en leur temps. Il y en aura d’autres car la globalisation mondiale, et notamment les voyages internationaux, sont des accélérateurs de diffusion de virus.

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